Voici l’homélie du P. Nicolas Rousselot, prononcée lors de la Messe qui prend son Temps du 1er novembre, jour de la Toussaint. Il nous donne quelques pistes sur la manière de vivre le temps de reconfinement qui commence.
Chers amis,
Notre célébration de Toussaint a cette année comporte une certaine gravité. Notre prochaine eucharistie sera dans plusieurs semaines, peut-être dans quelques mois. Une certaine gravité, car chacun, nous avons un choix à faire :
– Soit nous nous laissons abattre par les dernières nouvelles : celles-ci, si tristes qui nous viennent de Nice, ou cette nouvelle redoutée de rentrer comme en hibernation dans un second confinement, ce qui nous fait à tous beaucoup traîner les pieds.
– Soit nous disons au Seigneur, résolument : Seigneur, je veux traverser cette période avec toi. Ou plutôt : Seigneur, fais-moi traverser cette période avec toi ! Dès maintenant je te l’offre, en te demandant de t’en servir pour me faire grandir. J’ai appris du précédent confinement ce qu’il fallait faire, ce qui ne fallait pas faire. Je ne lâcherai pas la prière et je te promets de rester unis à mes frères et sœurs, spécialement les plus isolés, les plus petits.
Nous nous rappelons que tous les jours, sauf preuve du contraire, nous aurons le droit de prier dans les églises, de venir dans cette église Saint-Ignace (ou dans une autre, plus proche de notre habitation), au moment de cette heure qui nous est allouée pour prendre l’air. Je pourrai ainsi faire une petite promenade dans le quartier et venir me recueillir. Car il faudra un rythme. (…)
Il y aura aussi des temps de petits groupes de prière et de partage par zoom avec cette idée que si nous traversons ensemble cette période de confinement, quelque chose se passera, dans l’ordre de l’Esprit. Et quand nous sortirons de ce tunnel, d’ici quelques semaines, d’ici peut être quelques mois, nous serons si heureux de refaire assemblée !
Et viendra ce jour où nous n’aurons plus besoin de masques ou de distance barrière parce qu’un vaccin aura été trouvé. Nous serons alors si heureux de nous prendre les uns les autres dans les bras sans crainte et de déboucher une bonne bouteille et de trinquer ensemble. Il est bon de viser cette perspective, pour nous mettre en route. Patience, ce temps arrivera, et vous verrez, nous réaliserons alors que nous nous serons aidés à nous améliorer les uns les autres car le Christ nous aura transformés.
Qu’est ce qui sera transformé ?
Comme le dit la première béatitude de cet évangile, nous serons devenus davantage des « pauvres de cœur ». Un père jésuite de Lyon m’a dit avoir cherché longtemps ce que voulait dire cette expression vraiment paradoxale de Saint-Mathieu : « être pauvre de cœur », qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans les Ecritures. A la fin de sa recherche, il m’a dit : je te fais grâce de tous les articles que j’ai lus. Retiens seulement cette phrase : Dans la Bible, être « pauvre de cœur », c’est ne pas avoir « une mentalité de propriétaire ». Retenons cette expression, car dans un mouvement bien naturel, nous nous approprions les choses, nous nous approprions les personnes, les réalités. Alors que nous avons seulement à les accueillir comme des dons, et non comme des propriétaires
Oui, un jour, nous nous présenterons devant le Père, Si nous avons les « mains vides » (Ste Thérèse de Lisieux), comme des pauvres, nous pourrons alors accueillir le don du Père en plénitude. La grande question de notre itinéraire en ce monde est en fait celle-ci : Est-ce que je vis mes moments de joie, comme mes moments de peine, ou mes moments de grisailles, soit avec des mains qui se referment, soit avec des mains qui s’ouvrent ?
La multitude des saints que nous fêtons aujourd’hui sont si différents les uns les autres. Mais ils ont cela en commun: ils ont vécu jusqu’à leur dernière heure, les mains ouvertes.
Seigneur , apprends nous dans ce confinement, non seulement à garder les mains ouvertes, mais à mais à les ouvrir plus largement encore. Alors nous serons transformés. Amen
Père Nicolas Rousselot sj , chapelain