Les jésuites du Canada ont interviewé le P. Grégoire Le Bel sj, directeur du Cowork Magis. Découvrez ci-dessous un extrait de l’article.
Cheminer avec les jeunes au Cowork Magis : un espace pour startups à Paris
« Ce n’est pas travailler pour les jeunes, mais avec eux. » À entendre le P. Grégoire Le Bel nous parler du Cowork Magis, on a presque envie de se lancer en affaires et de déménager à Paris. Après avoir reçu le mandat de son Provincial, le P. Le Bel a mis en place un espace de travail en collaboration avec un groupe de jeunes, prenant d’abord un bureau, puis un autre, et enfin, tout un espace conçu selon les besoins des entrepreneurs. Il explique.
Beaucoup d’entreprises parmi les plus fructueuses du monde, surtout celles d’avant-garde, ont débuté dans des espaces de cowork, comme Uber, Spotify et même Instagram. En plus de prix compétitifs, ces espaces permettent la collaboration et la connexion à des réseaux.
Qu’est-ce que le Cowork Magis ?
D’abord, c’est un espace de travail, un lieu de travail pour de jeunes autoentrepreneurs développent leur activité dans les meilleures conditions.
Ensuite c’est un espace jésuite avec des critères particuliers : avoir moins de 40 ans, de travailler seul et d’avoir un projet ne soit pas seulement, en gros, de faire du profit sur les matières premières. Je ne demande pas que tout le monde soit chrétien, mais que leur projet ait du sens et qu’ils acceptent de jouer le jeu.
Le mot qui revient beaucoup quand on parle avec ces coworkers, c’est la bienveillance. Chacun a un regard plutôt positif sur les autres.
Qu’est-ce qui rend cet espace unique à Paris ?
La première chose, c’est qu’on aide les jeunes à avoir un lieu de solidarité dans leur travail.
Après, les mardis midi, on va leur proposer d’aller à la messe, mais ce n’est pas obligatoire.
Le mercredi midi, on fait le Pépite Day, un repas où chacun partage une chose qui a bien marché de son projet. Souvent, c’est assez difficile pour eux de se rendre compte que leurs projets avancent. S’il n’y a pas vraiment de progression ou même des épreuves, c’est l’occasion de demander de l’aide ou de proposer des idées.
Tous les derniers mercredis du mois, on fait un repas communautaire, où deux jeunes préparent le repas pour tous. Je trouve ça beau qu’ils prennent du temps pour ça sur leur temps de travail.
Après, un jeudi soir sur deux, on prend un apéritif où quelqu’un va faire un pitch d’une ou deux minutes pour présenter son projet. L’idée est vraiment d’encourager l’entrepreneur, ou de lui faire remonter des aspects encore flous de son projet, qui se vit avec beaucoup de bienveillance. Parfois, certains présentent tout simplement une compétence qu’ils veulent partager.
Enfin, les jeunes peuvent aussi avoir du mentorat avec le Mouvement chrétien des cadres et dirigeants (MCC) leur offrant le regard d’un professionnel senior.
Quel est votre rôle ?
J’aide au quotidien par exemple pour expliquer comment utiliser le mind-mapping. À priori, je ne les accompagne pas sur le côté professionnel, ils s’accompagnent entre eux, comme ils ont une palette de compétences hyper large. Cela dit, régulièrement, les gens viennent me voir pour discuter de leurs projets, de leurs questions affectives ou de décisions de vie.
À travers notre relation, je peux leur montrer parfois un autre visage du prêtre, de l’Église. Par exemple, quand, au début de la crise du coronavirus, ils m’ont dit « Grégoire, il faudrait faire un temps de prière », j’ai dit : « C’est une bonne idée oui, organisez-le. ». Pourquoi je devrais piloter le truc ? L’Église, ce n’est pas le prêtre qui décide tout.
Mon désir, c’est qu’ils soient heureux dans leur job et qu’ils inventent une nouvelle manière de travailler dans un monde qui pousse le rythme de manière effrénée.
Comment rejoignez-vous les jeunes pour leur proposer le Cowork Magis ?
En fait, c’est une continuité de l’offre. C’est plus difficile pour nous d’être auprès de jeunes en grande difficulté. En France traditionnellement, les jésuites sont surtout en lien avec les étudiants dans des grandes écoles, ou de milieux privilégiés.
Or, ce sont aussi ces jeunes qui veulent mieux nous connaître, vivre les Exercices Spirituels, etc. Et ce sont eux qui se lancent dans des boîtes et veulent inventer la Terre de demain. Autant être à leurs côtés pour voir comment on peut les aider à ce que leur projet ait du sens et qu’ils ne se brûlent pas à le faire. Je pense que cette structure peut vraiment les aider.
Retrouvez l’article en intégralité sur le site des jésuites du Canada