Croire et Comprendre est un cycle de formation proposé par le Centre Sèvres. Il s’agit d’une ou plusieurs années de formation personnalisée, pour commencer ou reprendre des études de théologie, approfondir l’intelligence de sa foi sur des sujets fondamentaux tels que Bible, théologie, éthique, spiritualité, philosophie.
Découvrez ci-dessous le témoignage de Clotilde et Clémence, deux jeunes de la Maison Magis, qui ont suivi ce cycle cette année.
L’idée de me former est née aux JRJ – Journées Régionales de la Jeunesse – organisées au Liban. La jeunesse du Moyen Orient est confrontée à des enjeux énormes pour construire la paix et reconstruire des pays aujourd’hui à genoux. J’ai été très touchée par les amis que j’ai rencontrés là-bas et leur désir d’être des femmes et des hommes debouts et libres. C’est ce même désir qui m’a menée au Centre Sèvres. Oser ma propre parole, non seulement pour moi-même mais plus largement pour trouver et prendre ma place dans le monde d’aujourd’hui et ses défis.
Le premier mot qui me vient pour décrire cette année est celui de liberté. La formule du cycle Croire et Comprendre, en tant que telle, s’y prête bien puisqu’il est possible de choisir des cours à la carte et de se construire ainsi un programme de formation sur-mesure, en fonction de sa disponibilité et de ses centres d’intérêts. En démarrant, je voyais la théologie comme un contenu à recevoir et j’ai en effet été très nourrie par des cours passionnants ! Mais j’ai aussi et surtout fait l’expérience de ma liberté. J’ai découvert une Eglise en chemin dont l’histoire est faite de personnes qui ont eu l’audace de se questionner et de chercher. Je termine cette 1ère année plus vivante, petit à petit plus consciente des enjeux qui me tiennent à cœur et surtout de plus en plus convaincue que suivre le Christ est une école de liberté et de parole. Cela me donne beaucoup de joie et l’envie de creuser davantage !
Le deuxième mot serait « liens ». C’est une dimension que je n’avais pas du tout anticipée et qui pourtant a été très importante pour moi. J’ai rencontré cette année des visages d’Eglise d’une très grande diversité et les liens qui ont été tissés sont d’une profondeur étonnante. Inde, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Egypte, Colombie, Burkina…..tellement de pays représentés et des personnalités, des réalités de vie tellement différentes. Et pourtant, nous sommes tous rassemblés dans ce lieu par une quête commune de vérité. Cela ouvre à des conversations profondes et uniques qui élargissent le cœur et l’esprit. De très belles amitiés se tissent aussi et, à la rencontre de l’autre, se dévoile mystérieusement un nouveau visage de Dieu et de soi-même. Je suis très attachée à cette dimension de dialogue qui me semble essentielle pour notre monde et je suis très reconnaissante d’avoir eu cet espace pour apprendre à la vivre pendant un an ! Je perçois de plus en plus que ce chemin de liberté, en lien avec d’autres est celui de la réconciliation dont notre monde blessé a tant besoin. Reste maintenant à trouver comment concilier vie professionnelle et formation pour pouvoir continuer l’année prochaine, c’est le défi de l’été !
Je viens de terminer une année d’étude au Centre Sèvre au sein du cycle Croire et Comprendre. Pour dire quelques mots sur sa forme, c’est un cycle accessible à toutes et tous, qui donne accès aux cours, aux séminaires, aux groupes de lectures, à un groupe de tutorat collectif et aux sessions de début et mi-année. Ce cycle donne bien sûr aussi accès à des rencontres inattendues, aux soirées festives du Centre Sèvres, du cycle Croire et Comprendre garantissant convivialité, surprises et rires. C’est une formule qui permet de co-construire avec la responsable de ce cycle un emploi du temps personnalisé et modulable en fonction des désirs et des disponibilités de chacun et chacune.
J’ai donc décidé de pousser les portes du Centre Sèvres en Juin 2019 pour la rentrée de septembre. Je m’engageais dans le cycle Croire et Comprendre pour une année. J’étais à ce moment-là dans une période au cours de laquelle, je ré ouvrais la boîte au sein de laquelle un gros paquet s’était formé ramassant Dieu, l’Église Catholique comme institution, la doctrine, la catéchisme, les sacrements, les scandales de violences sexuelles et de pédocriminalité, la messe, le clergé, l’Évangile, l’Ancien Testament, etc.. Tout était dedans formant une masse informe entremêlée.
En ré-ouvrant cette boîte, je découvrais tout d’abord que ma relation personnelle à Dieu se dissociait de tout le reste. Et que finalement, je pouvais former des paquets plus petits dans cette grande boîte ; que certains paquets étaient très liés, d’autres moins etc…
C’est dans cette dynamique que je souhaitais accéder aux cours du Centre Sèvres ; pour continuer à délimiter un peu plus les paquets dans la grosse boîte, faire des liens, comprendre, apprendre à penser par moi-même et aussi venir nourrir ma vie spirituelle.
Je me souviens que j’avais cette grande soif de comprendre. Comprendre qui est-ce Jésus, d’où vient-il, qu’a t-il vraiment dit et que lui fait-on dire. Comprendre les liens entre toutes ces entités qui formaient ce paquet informe dans cette boîte. Comprendre ce que cela veut dire être chrétienne et appartenir à l’Église catholique. Je souhaitais aussi faire pousser ce germe du désir d’apprendre à penser par moi-même qui s’était notamment manifesté par la découverte de la philosophie en classe de terminale, apprendre à oser une parole et l’assumer et aussi apprendre à me laisser déplacer, apprendre à être plus libre vis-à-vis du regard et de la parole des autres. J’avais aussi l’intuition que creuser cet aspect plus intellectuel de la foi allait me permettre de la nourrir. Je crois que finalement le moteur de cette démarche c’était cette découverte préalable que ma relation personnelle à Dieu se dissocie de tout le reste, qu’elle est singulière et se vit dans l’intime et que cette relation je désirais la nourrir. Et pour la nourrir, il me fallait continuer de faire ce grand ménage, pour la désencombrer et lui offrir sa juste place.
Cette année fut vraiment dense et intense. Je peux dire que mes études ont résonné dans tout le reste de ma vie et réciproquement. Ma vie quotidienne, personnelle, familiale, sociale, a aussi influencé ma manière de recevoir les enseignements et a nourri mes réflexions.
Cette densité et cette intensité rend donc l’exercice de témoignage quelques peu difficile pour rendre compte de ce j’ai vécu cette année de manière juste. Ce que je tente d’écrire aujourd’hui est donc le balbutiement d’un instant, bien imparfait et non-exhaustif.
Qui dit dense et intense dit aussi une année mouvementée avec des hauts et des bas ou dans un autre langage des tempêtes houleuses et des escales reposantes. Il y a eu aussi des surprises. Les prévisions météorologiques sont parfois trompeuses…. Mais elles nous donnent alors de savourer autrement ce qui finalement se présente.
J’ai appris ainsi à goûter un peu plus l’inattendu et surtout à ne pas figer les qualificatifs que je peux poser sur une expérience.
Au terme de cette année et à la fin de la rédaction de mon dossier de relecture, je réalise que les qualificatifs bons ou mauvais concernant des décisions ou des raisons de choisir sont en continuel mouvement. Au début, je peux me dire « c’est une super décision », puis quand je suis plongée réellement dans la situation et que je la traverse difficilement de manière très éprouvante, je me dis : « Clotilde, quelle décision de merde tu avais pris ! ». Et finalement, quelques mois plus tard (ou années !) quand je regarde ce que cet enseignement ou cette situation m’a permis de toucher, de réfléchir, de découvrir ou d’approfondir, je me dis « bon finalement, il y a du bon à avoir vécu cela ! ».
Ainsi, je perçois aujourd’hui que les situations et les raisons évoquées pour choisir sont. Tout simplement, elles sont. Et leurs colorations changeront au fil du temps, en fonction de la possibilité que je leur laisse de continuer à me parler et à me souffler le sens de mon existence.
Au terme de cette année, je me rends compte aussi à quel point mes études au Centre Sèvres m’ont permis de donner de la consistance à mes questions existentielles, de leurs donner un cadre pour les exprimer, de leur donner nourriture pour les faire évoluer. Je peux, aujourd’hui, repérer des questionnements qui m’ont accompagnés au cours de ces derniers mois.
Je goûte aussi aujourd’hui à quel point cette année au Centre Sèvres fut une école de liberté et de croissance. J’ai vraiment eu l’impression que dans ce lieu de formation, ma liberté m’était remise entre mes mains, en me disant « fais ce qui est bon pour toi. » Quel cadeau mais aussi quelle exigence ! Faire ce qui est bon pour soi, n’est finalement pas une chose aisée. Cela demande un certain discernement, une certaine prise en main de sa responsabilité et un certain détachement vis-à-vis du regard des autres sur moi et de moi sur moi-même.
Cette pédagogie m’a donc fait encore avancer vers la sortie de l’exigence de la bonne réponse, du paradigme de la performance pour faire plaisir aux autres.
Finalement, je m’étais engagée pour un an et au crépuscule de cette année, j’ai décidé de poursuivre l’aventure au Centre Sèvres qui me donne de me maintenir dans ce questionnement, dans cette incertitude, dans cette avancée à tâtons, pas-à-pas dans les profondeurs de notre existence.
Au cours d’une conférence sur l’héritage et le patrimoine, un moine bouddhiste nous avait donné un exemple imagé qui m’avait marqué, celui d’une main ouverte qui invite à lâcher ce qu’on croit savoir pour accueillir ce qui va nous être donné. C’est donc avec cette main que je souhaite la plus ouverte possible que j’envisage continuer à rester dans cette démarche de questionnements encadrés par les cours au Centre Sèvres.
Ça te tente ?
Toutes les informations sur le cycle Croire et Comprendre sont à retrouver sur le site du Centre Sèvres.
Et vous pouvez commencer par regarder cette petite vidéo de présentation :